Pérenniser l'indivision : la société en participation

Pérenniser l'indivision : la société en participation

Rapport du 121e Congrès des notaires de France - Dernière date de mise à jour le 31 janvier 2025
– Une « troisième voie » originale. – Aux indivisaires qui souhaitent une organisation durable, sans vouloir substituer à l'indivision une personne morale, le Code civil offre une « troisième voie » originale, à travers la société en participation773. Celle-ci tire sa singularité de son caractère hybride, à mi-chemin entre indivision et société. Très répandu dans certains secteurs d'activités774, ce type d'organisation reste d'un usage marginal – pour ne pas dire rarissime – en droit patrimonial de la famille. Pourtant, comme nous allons le voir, la société en participation est une alternative intéressante pour toutes les familles qui veulent conserver l'indivision comme mode de propriété, tout en lui préférant la société comme mode de gestion.
– Une structure hybride. – Contrairement à ce que l'on a longtemps soutenu, indivision et société ne sont pas des qualifications incompatibles775. Il faut donc admettre la possibilité pour les indivisaires de s'organiser en société, sans mettre fin à l'indivision. La création d'une société en participation permet d'aboutir à ce résultat, dans la mesure où, faute de personnalité juridique, elle n'a pas pour effet d'anéantir l'indivision en lui substituant l'appropriation exclusive de l'être moral.
Combinée à l'indivision776, la société en participation est d'une nature hybride, tenant à la fois de l'une et de l'autre. Il s'agit, au fond, d'une indivision doublée d'une société ou plutôt d'une indivision organisée en société. Comme l'explique un auteur : « La société sans personnalité apparaît alors comme une simple technique d'organisation de l'indivision fondée sur la volonté des indivisaires et dont la finalité essentielle est d'en faire une forme aboutie de propriété collective »777.
– Une forme aboutie de propriété collective. – En tant que mode d'organisation de l'indivision, la société en participation n'est pas toujours facile à distinguer de l'indivision conventionnelle778. Le recours à la technique sociétaire permet cependant de conférer à l'indivision au moins deux qualités qu'une simple convention reste impuissante à lui donner : la permanence et la liberté d'organisation. Ce sont ces deux caractéristiques qui contribuent à faire de l'indivision organisée en société l'une des formes les plus abouties de propriété collective. Reste alors à se demander comment mobiliser cette technique au service des nouvelles tribus familiales.
– Une technique au service des nouvelles tribus familiales ? – Avec l'évolution des structures familiales, la transmission des biens en indivision à la suite d'un décès appelle la recherche de modes d'organisation permettant de concilier individualisme et propriété collective. Si l'on considère la société en participation comme une forme aboutie de propriété collective, il faut alors se demander comment cette technique peut répondre au besoin des nouvelles tribus familiales en la matière. Pour tenter de répondre à cette question, nous commencerons par aborder le régime de la société en participation (Chapitre I), pour nous intéresser ensuite aux hypothèses dans lesquelles cette organisation est susceptible d'être choisie (Chapitre II) ou subie (Chapitre III).
Régime de la société en participation
– Une immense liberté. – Parmi les différents modes d'organisation, la société en participation est sans aucun doute celui qui offre la plus grande liberté. Comme nous allons le voir, cette structure est plus souple que l'indivision conventionnelle, qui reste tributaire du cadre relativement strict dans lequel l'a enfermée le législateur de 1976779.
Pour aller plus loin
Choisir la société en participation
– Intérêts et limites. – Cozian écrivait, à propos de la société en participation, qu'elle est « un moyen de rassembler quelques partenaires désirant faire œuvre commune, sans se soumettre à la pesante liturgie des sociétés immatriculées, comme d'autres décident de faire vie commune, sans passer par-devant le maire et le curé »
Subir la société en participation
– Hypothèses étudiées. – Correctement utilisée, la société en participation offre une alternative pertinente à l'indivision légale ou conventionnelle, dont elle permet de corriger certains défauts. L'originalité du régime applicable à cette structure sans personnalité juridique suppose toutefois que sa création résulte d'un choix libre et éclairé de la part des associés. Par définition, la société en participation est une organisation volontaire859.