– Échec de la phase amiable. – La phase de partage amiable peut ne pas déboucher sur un accord, parce qu'il existe de réels motifs de discorde liés à l'estimation d'un bien, à son attribution, ou à l'existence et à la valorisation de flux financiers intervenus entre les parties, ou bien pour des raisons d'ordre psychologique, moins rationnelles, l'un des indivisaires prenant un malin plaisir à poursuivre les hostilités, soit pour contraindre l'autre soit, de manière plus prosaïque, pour rester à son contact. Le notaire qui intervient à ce stade, à la demande de l'un d'entre eux ou sur la base d'un commun accord, doit alors s'évertuer à trouver le bon dosage entre la nécessité de laisser parfois du temps au temps pour trouver un accord, sans pour autant laisser s'enliser les opérations, au risque de faire le jeu de l'une des parties, dans une optique dilatoire à peine dissimulée.
En pareille occurrence, le risque pour le notaire est également de voir sa responsabilité engagée si, le temps faisant son œuvre, le jeu feutré mais impitoyable des prescriptions s'abat sur l'une des parties. L'on songe aux demandes de créances liquidatives, lesquelles, à l'exception des récompenses629, se prescrivent dans les cinq ans qui suivent la rupture (pour les ex-époux et les ex-partenaires) ou le transfert de valeurs qui en sont la cause (pour les ex-concubins), mais aussi à la liquidation de la créance de participation entre deux époux autrefois mariés sous le régime de la participation aux acquêts, laquelle se caractérise par une prescription abrégée de « trois ans à compter de la dissolution du régime matrimonial » (C. civ., art. 1578, al. 4). Ces délais peuvent passer très rapidement, notamment, mais pas seulement, lorsque les époux demeurent en contentieux parce que l'un d'entre eux a interjeté appel sur la prestation compensatoire. Sans que personne n'y prenne vraiment garde, le divorce est alors devenu définitif lors du dépôt des conclusions de l'intimé et la prescription a commencé discrètement à courir. Dans ce cas, concentrés sur l'appel en cours, les ex-époux ne se préoccupent généralement pas du règlement de leur régime matrimonial dans la foulée du divorce, au risque de perdre un temps précieux pour l'un d'entre eux. C'est dire que le notaire qui intervient dans la phase de partage amiable doit s'inquiéter très rapidement, lorsqu'il ouvre le dossier, de la date à laquelle le divorce est devenu définitif630. S'il constate qu'une demande liquidative est plus ou moins sur le point d'être prescrite, il doit alors conseiller à la partie concernée de faire le nécessaire pour interrompre cette prescription, ce qui passe le plus souvent par une assignation en partage judiciaire631.