– Attraits du régime séparatiste. – Aujourd'hui, la plupart des futurs époux qui poussent la porte d'une étude avant de se marier pour établir un contrat de mariage optent pour le régime de la séparation de biens. Il constitue le premier des régimes conventionnels. L'individualisme conjugué à l'indépendance acquise par les femmes peut expliquer le recours plus important, de nos jours, au régime de la séparation de biens, lequel présente classiquement de nombreux attraits qui ne laissent manifestement pas insensibles nos jeunes générations.
La séparation de biens est le régime matrimonial dans lequel les patrimoines des époux restent autonomes et sont gérés par chacun d'eux de manière indépendante. Bien que certains auteurs y aient vu une « absence de régime matrimonial »342 ou encore des « rapports pécuniaires des conjoints (…) régis par les mêmes principes que ceux qui s'établissent entre personnes non mariées »343, nul doute que la séparation de biens est un véritable régime matrimonial, dont le dispositif s'est enrichi depuis la loi du 13 juillet 1965. Il reste coiffé par le régime primaire à l'instar de l'ensemble des régimes matrimoniaux.
Plusieurs avantages sont attachés à la séparation de biens, au premier rang desquels figure l'indépendance totale des époux. Chaque époux conserve la propriété et la gestion de ses biens, sous la seule réserve des actes relatifs au logement de la famille. L'article 215, alinéa 3, du Code civil protège le logement de la famille même si celui-ci est la propriété personnelle de l'un des époux. Quel notaire n'a pas déjà été témoin de l'incompréhension de cet époux à qui l'on demande l'intervention de son conjoint ?
La volonté de dissocier le plus complètement possible les relations affectives des intérêts patrimoniaux procède souvent d'une aspiration à une indépendance professionnelle et financière, mais également aujourd'hui d'un certain réalisme en assumant l'éventualité d'une désunion.
Au-delà de cette indépendance quant à l'actif, l'intérêt de la séparation de biens réside souvent dans la répartition du passif. Chaque époux n'est tenu que du passif né de son chef et le supporte définitivement, sans engager son conjoint, à la différence de la communauté344. La préservation du patrimoine du conjoint lorsque l'un des époux a une activité professionnelle comportant des risques financiers demeure encore aujourd'hui une raison principale à l'adoption d'un régime séparatiste.
Par ailleurs, la liquidation du régime matrimonial est en apparence facilitée, voire parfois inexistante puisqu'il n'y a pas de masse commune.