– Le notaire confronté à la prescription. – Institution aux deux visages, souvent extinctive et parfois acquisitive, « la prescription est une institution juridique complexe, difficile à maîtriser, où les simplicités sont souvent trompeuses »766. Au-delà, elle devient, dans certaines situations conflictuelles, un outil redoutable utilisé par certains indivisaires malveillants, dont les postures dilatoires n'ont d'autre objectif que de laisser volontairement filer le temps afin d'éviter de devoir régler certaines dettes à l'indivision. Aussi, pour l'avocat, la prescription est-elle une question essentiellement stratégique, qu'il invoquera ou non selon l'intérêt de son client.
De la même manière, le notaire, qui intervient en qualité de conseil dans un cadre amiable ou judiciaire, doit informer ses clients des règles de la prescription. Comme il a pu être souligné à juste titre, « le sujet des prescriptions ne doit plus être le seul adage de l'avocat, et le notaire doit faire siennes les règles de procédure civile afin de délivrer un conseil de plus en plus personnalisé. Au-delà de la nécessaire plus-value que cela peut apporter, l'absence de maîtrise de ces règles pourrait, si un préjudice survient, engager la responsabilité du notaire saisi »767.
En revanche, le notaire saisi par le juge, en qualité d'expert ou en cas de commise, et à l'instar des juges, qui « ne peuvent pas suppléer d'office le moyen de la prescription » (C. civ., art. 2247), ne peut soulever la prescription si aucune des parties ne l'a invoquée.