– Ambivalence de la donation. – Les donations sont des opérations singulières car elles parviennent à conjuguer des clauses dont les idées sont très différentes, sans toutefois jamais se contredire. Elles montrent de la sorte leur fabuleuse capacité à s'adapter aux changements de circonstances.
Certaines clauses révéleront en effet que la donation porte avant tout sur un bien et non sur la valeur qui est incarnée par celui-ci. Il suffit à cet égard de se référer aux clauses d'inaliénabilité ou aux interdictions d'hypothéquer pour mesurer à quel point une donation peut sanctuariser le bien qui en constitue l'objet. En présence d'une telle clause, la donation opère un attachement viscéral entre le bien donné et les membres de la famille.
Pourtant, dans le même temps, la donation contiendra des clauses qui permettront de perpétuer ses effets malgré la vente du bien. Des circonstances peuvent en effet conduire les donateurs (usufruitiers) et les donataires (nus-propriétaires) à vendre l'immeuble qui avait été l'objet de la donation. Dans cette situation matérialisant l'accord unanime, les donateurs lèveront la clause d'inaliénabilité et tous les membres de la famille procéderont à la vente du bien. C'est dans un tel contexte que la donation peut prévoir des clauses maintenant ses effets malgré la vente du bien qui en était l'objet. Les changements de volonté n'altéreront pas l'efficacité de la transmission qui a été opérée dans le cadre de la donation.