– Libres propos sur la terminologie. – Nous ferons, à titre liminaire, quelques observations sur la sémantique utilisée par le notariat en matière de démembrement. Pour évoquer la réunion sur une seule tête de l'usufruit et de la nue-propriété et la constitution d'un usufruit successif, le Code civil retient en son article 617 la terminologie de « consolidation » et de « réunion », tandis que l'article 618 évoque la « rentrée » du propriétaire dans la jouissance. On ne retrouve l'image du « retour » que dans la bouche des praticiens. En matière d'usufruits successifs, le notariat utilise la terminologie de la « réversion », terme erroné mais qui s'est imposé par sa puissance évocatrice. Ces expressions ne sont pas justes juridiquement. Il n'y a pas de retour proprement dit au décès de l'usufruitier, mais bien extinction d'un droit et suppression de la charge dont était grevée la propriété. En présence d'un usufruit successif, il n'y a pas de droit reversé, mais plutôt l'ouverture d'un nouvel usufruit préconstitué par le disposant. Ces images semblent pédagogiques, mais elles effacent la cohérence du mécanisme de démembrement et sont impropres juridiquement1130. Nous tenterons de les limiter dans notre propos.
Il convient d'établir une revue des configurations démembrées suivant l'ordre des décès. Que le démembrement de propriété naisse de la loi (hypothèse du conjoint survivant usufruitier légal) ou de la volonté de l'homme (cas classique d'une donation avec réserve d'usufruit au profit du donateur), les situations qui en découlent sont multiples.