– Repères historiques. – Dans le contexte qui nous occupe, le développement de la vocation en usufruit est intimement lié à la promotion du conjoint survivant, si bien que l'on ne saurait comprendre la place qu'occupe actuellement la première sans s'intéresser à l'évolution du statut du second. À cet égard, force est de constater que l'essor du conjoint survivant au sein de la hiérarchie successorale est un phénomène assez récent à l'échelle de l'histoire du droit patrimonial de la famille. Longtemps tenu à distance, cet héritier « pas comme les autres » ne jouit d'une vocation concurrente à celle des descendants que depuis la toute fin du XIX
e siècle (L. 9 mars 1891) ; il n'est dispensé de la vérification de son titre héréditaire que depuis un peu plus de soixante-cinq ans (Ord. 23 déc. 1958) et sa vocation légale en présence de descendants ne s'étend à l'usufruit de toute la succession que depuis une grosse vingtaine d'années1056, à condition toutefois qu'il n'existe pas d'enfant non issu des deux époux (L. 3 déc. 2001)1057. Encore aujourd'hui, cette vocation demeure supplétive en présence de descendants1058, ce qui témoigne de sa fragilité.
Ces quelques repères historiques ne permettent cependant pas d'expliquer ce lien intime qui existe, en droit des successions, entre usufruit et vocation du conjoint survivant. En réalité, ce lien est la traduction d'un compromis qui s'est avéré nécessaire à partir du moment où cet héritier à part s'est vu reconnaître une vocation légale concurrente à celle des descendants. Cette évolution s'est produite il y a un peu plus de cent trente ans.