– La famille dans l'art et la littérature. – « La sociologie juridique trouve son profit à étudier systématiquement les images d'une époque (…) surtout parce qu'elles peuvent, par l'agencement de la scène, la physionomie des personnages, une certaine aura flottant sur l'ensemble, révéler l'esprit d'une institution mieux que ne sauraient le faire des juristes techniciens ». Ces mots du doyen Carbonnier nous invitent à rêver « La famille » en couleur. Les images et les lettres qui ont traversé les époques nous révèlent mieux que ne sauraient le faire un historien, un sociologue ou un professionnel de la prospective, ce que fut la famille, ce qu'elle est, et ce qu'elle deviendra peut-être.
Par ailleurs, les pleurs d'Antigone, le parricide d'Œdipe, les soupirs de Roméo et Juliette, le dilemme de Rodrigue, la jalousie de Phèdre illustrent ces familles dans notre imaginaire collectif depuis la nuit des temps. De même, la rose de Ronsard, L'art d'être grand-père de Victor Hugo, Le nœud de vipères de Mauriac, les emportements de René de Chateaubriand, les doutes d'Emma Bovary de Flaubert, les craintes de Poil de carotte de Jules Renard offrent au notariat des modèles de clients intemporels. Quant aux images, elles apportent aussi un supplément d'âme et de nuances à la famille. Les empreintes des mains des premières tribus du monde sur les parois des grottes préhistoriques d'Ardèche, le sarcophage jumelé des époux étrusques, la douceur du tableau de la Sainte Famille de Raphaël, la mort du père peinte par Greuze, l'émouvant baiser de Klimt, la surprenante promenade de Chagall, auxquels on pourrait ajouter les créations contemporaines du septième art, contribuent à une vision profondément humaine de l'intimité entre les membres d'une famille, influençant et inspirant notre droit008.