Le mandat à effet posthume
Le mandat à effet posthume
Rapport du 116e Congrès des notaires de France - Dernière date de mise à jour le 31 janvier 2020
Le mandat à effet posthume constitue l'une des innovations de la loi no 2006-728 du 23 juin 2006 portant réforme du droit des successions. Cette loi avait notamment pour ambition de faciliter les règlements successoraux et le mandat posthume était l'une des nouveautés créées à cet effet.
Ce mandat, défini aux articles 812 et suivants du Code civil, permet au défunt de désigner, avant son…
Le mandat à effet posthume constitue l'une des innovations de la loi no 2006-728 du 23 juin 2006 portant réforme du droit des successions. Cette loi avait notamment pour ambition de faciliter les règlements successoraux et le mandat posthume était l'une des nouveautés créées à cet effet.
Ce mandat, défini aux articles 812 et suivants du Code civil, permet au défunt de désigner, avant son décès, un mandataire chargé, à compter de l'ouverture de sa succession, d'administrer et de gérer tout ou partie des biens la composant en lieu et place de tout ou partie des héritiers
0051. La nature juridique de ce mandat d'un genre nouveau demeure incertaine et discutée en doctrine. Il a été présenté, lors des travaux préparatoires de la loi, comme « un mécanisme similaire à la fiducie »
0052. Son régime juridique relève pour partie du droit des contrats et plus spécialement du mandat, et pour partie du droit des successions. Il emprunte aux deux matières et sa nature mal définie ne permet pas de fonder les bases d'un raisonnement juridique solide pour combler les lacunes de la loi. De nombreuses zones d'ombre subsistent quant à son régime juridique et le praticien demeure perplexe pour utiliser ce nouveau contrat.
Une décennie après sa promulgation, force est de constater que le mandat à effet posthume n'est pas entré de manière massive dans la pratique notariale. Son régime juridique mal défini sur certains aspects en est sans doute la cause. Le manque d'efficacité lié à l'absence de pouvoir réel du mandataire explique plus sûrement son manque d'intérêt. Ce mandat dessaisit les héritiers légaux et porte par conséquent une atteinte importante à leurs droits pour un bénéfice relativement faible quant au règlement de la succession.
Nous pouvons donc considérer que le mandat à effet posthume, dans sa conception actuelle, n'est pas une technique qui permette, de manière générale, de faciliter le règlement des successions. Cependant, dans des cas spécifiques, notamment lorsqu'une entreprise dépend de la succession, il peut être utilisé de manière opportune.
Avant de préciser dans quelle mesure le mandat à effet posthume peut être utilisé pour protéger un mineur (Section II), il convient de présenter au préalable son économie générale (Section I).
L'économie générale du mandat à effet posthume
- Le mandataire. - Le mandataire peut être une personne physique, héritier ou non du mandant, ou une personne morale. Il peut s'agir d'un professionnel. Le mandant a toute latitude pour choisir son mandataire. Ce dernier doit jouir de la pleine capacité civile. Il doit donc être majeur ou mineur émancipé et ne pas faire l'objet d'une mesure légale de protection en raison d'une altération de ses facultés personnelles.
L'intérêt pratique du mandat à effet posthume pour la protection des mineurs
Ainsi cette utilisation du mandat posthume, justifié par un réel intérêt et mis en ?uvre en complément de l'administration légale ou de la tutelle nous semble présenter une opportunité pour la gestion des biens du mineur. L'intérêt réel et sérieux doit être analysé, par le mandant et son notaire, concrètement, en considération des biens transmis au mineur et de la situation familiale.